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La question peut paraitre un peu étrange de premier abord mais c’est ce qui m’interroge en ce moment… En tant que parents ou même professionnels accompagnant des enfants, nous sommes très souvent confrontés à des situations qui nous dérangent et nous perturbent … Dans la plupart du temps, il s’agit de violences douces et ordinaires mais parfois il peut aussi s’agir de violences physiques que les adultes infligent à leurs enfants … Le 30 avril prochain ce sera la journée de non-violence éducative. Je suis toujours un peu dubitatif avec ces journées (une fois dans l’année) mais il est tellement important de sensibiliser, de semer des graines et d’offrir de nouvelles pistes de réflexions à tous ceux qui pensent que l’enfant doit toujours se plier aux décisions de l’adulte autoritaire qui a toujours raison !

Dernièrement, ma compagne marchait en ville avec notre fille de 4 ans et deux messieurs se frappaient à terre en s’insultant… Un autre jour, j’étais au parc et une maman dit à sa fille « on va rentrer, tu n’écoutes jamais et pas la peine de faire un caprice en rentrant tu seras punie ». Enfin, en lisant un journal local je découvre qu’une commerçante s’est fait tabassée en fermant son magasin … Malaise affectif général, n’est-ce pas ?

Je crois que réfléchir au monde que nous offrons à nos enfants n’est pas une utopie. Pierre Rabhi disait « les solutions de demain sont dans les utopies d’aujourd’hui » et je suis persuadé qu’il est possible d’envisager le monde autrement avec toutes les ressources dont nous disposons. Il est aussi important de se rappeler que nous avons le droit de vouloir un monde meilleur pour nos enfants. La violence n’est pas une fatalité, il faut la combattre !

Les recherches sur le développement du cerveau de l’Homme depuis quelques années doivent nous éclairer sur la façon dont nous devons accompagner nos enfants et vivre en société. En développant l’empathie chez nos enfants, ils vont apprendre à vivre avec les autres tout en acceptant d’être singuliers, uniques … Sans respect et empathie,  comment s’occuperont-ils de nous quand nous serons vieux ? Nous devons passer à l’action et il ne s’agit plus de constater que le monde va mal, il faut changer les choses ! Oui mais comment ?

Il faut déjà croire en ses convictions mais surtout croire au potentiel de l’enfant de nous aider dans cette démarche. Il est le levier qui nous aidera à changer le monde. L’enfant est un être empathique, libre de préjugés et de jugements. Nous devons l’accompagner à développer ses facultés de  bienveillance et non les inhiber. Plusieurs études, comme le test des marionnettes imaginé par Paul Bloom aux États-Unis, démontrent que le petit enfant de moins de 3 ans est un être bienveillant. En structure d’accueil, lorsqu’un bébé pleure il n’est pas rare qu’un autre bébé lui apporte son doudou … Par ailleurs, avez-vous déjà fait l’expérience de parler d’un ressenti profond de tristesse à votre enfant ? Que s’est-il passé ? Nos enfants savent facilement détecter nos humeurs et sentiments mais au fil du temps cela se transforme dans notre société individualiste. Nous le voyons dans la vie de tous les jours et plus particulièrement dans les transports en commun. Je pense à l’exemple de Marin à Lyon, il y a quelques années, qui voulait porter secours à un couple et qui s’est fait lâchement tabassé sous le regard choqué des usagers présents dans le bus…

Le respect et l’empathie devraient être intégrés au programme scolaire. Des formations au sein des entreprises pourraient être davantage développées. Depuis quelques années, plusieurs écoles ont déjà passé le cap de vouloir développer l’empathie chez l’enfant au travers de  programmes innovants  à l’image de l’atelier « mets-toi dans mes baskets » pratiqué en Suisse Romande. Pour en savoir plus, je vous invite à découvrir ce reportage de Bettina Hofmann et Cyril Dépraz, suivi d’un entretien avec Omar Zanna, sociologue à l’Université du Maine et docteur en psychologie, spécialiste de l’empathie à l’école et en milieu carcéral.

Du côté des P’tits Sages, nous enseignons les règles de l’empathie et du respect de l’autre dans la totalité de nos programmes. Avec l’appui des neurosciences et d’approches comme la Communication Non-Violente de Marshall Rosenberg ou encore l’Intelligence Emotionnelle propre à Daniel Goleman…, nous proposons des outils simples et concrets pour permettre à chacun de faire son chemin à son rythme. Nous savons tous qu’il n’est pas évident de se mettre au diapason de l’autre dans un moment de rage ou de colère. Nous expliquons alors comment envisager la situation sous un autre angle et comment sortir du jugement et des préjugés qui nous guident, pas toujours de la bonne façon … Un exemple que je donne souvent lors de mes rencontres à Lyon, est celui de l’automobiliste qui vous fait des appels de phares alors que vous êtes sur la voie de gauche à 130km. Plusieurs réactions possibles : soit vous ralentissez pour l’énerver, soit vous accélérez pour le laisser passer avec en cadeau un geste sympathique et un mot affectueux … Dans ces deux cas, vous alimentez votre colère et vous augmentez la probabilité d’une perte d’attention et de provoquer un accident. Et si vous envisagiez la situation sous un autre angle ? Et si ce Monsieur, un peu pressé, était dans une situation d’urgence comme le fait d’amener l’un de ses proches aux urgences ? Et si je laissais ce Monsieur risquer sa vie et pas la mienne ? Voilà une façon très simple et rapide de désamorcer une situation qui vous met en danger. Toutefois, changer d’attitude n’est pas aussi simple, un travail de conscience de soi au préalable est parfois recommandé. Au travers d’exercices et expériences à reproduire chez soi, nous vous accompagnons sur le chemin de la bienveillance.

Enfin, je termine cet article avec une de mes citations préférées de Maria Montessori qui en dit long sur cette posture d’adulte dont nous parlons souvent :

« Libérez le potentiel de l’enfant et vous transformerez le monde avec lui ».

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