En tant qu’accompagnant.e pen parentalité, qu’il s’agisse des ateliers ou des cafés parents que nous organisons, une question récurrente est souvent posée : Comment coucher un nourrisson ?!

Rappelons qu’aujourd’hui la médecine occidentale s’accorde sur une instruction à transmettre à tous les parents : Coucher vos bébés sur le dos La consigne est entendue mais de nombreux parents avouent ne pas toujours la respecter. Pourquoi ? Tout simplement car ils constatent que leurs bébés dorment mieux dans d’autres positions ! Ce qui fut également notre cas… notamment lors des maux de bébé (constipation, colique, rhumes…)

L’idée de cet article n’est pas de prendre partie mais de vous proposer une autre grille de lecture. Pour cela, nous nous appuyons, entre autre, sur l’ouvrage : Mon bébé n’aura pas la tête plate, Prévenir de la plagiocéphalie, co-écrit par le Dr Brenadette de Gasquet* et le Pédiatre Thierry Mark (que nous avons découvert grâce à cet ouvrage). Nous souhaitons également éclairer les parents qui, à juste titre, nous disent : « sur le ventre, sur le dos… que nous dira-t-on dans quelques années ? »

Le terme physio(logique) est donc emprunté à ce même ouvrage.

L’idée générale du livre est d’informer les parents sur les risques liés aux Plagiocéphalie et Braciocéphalie (autrement appelés syndromes de la tête plate).

Dans quel sens coucher bébé ?! Sur le ventre, le dos, le côté ?

Le saviez-vous ? Seules les cultures occidentales invitent à coucher bébé sur le dos.. Les bébés du reste du monde dorment tout d’abord sur le côté, en position du fœtus, la position naturelle de tout nouveau né. C’est également la même position que nous cherchons à retrouver lorsque nous portons le nouveau-né avec du matériel de portage.

Alors pourquoi pas nous ?

Cela vient d’une expérimentation effectuée auprès de bébés prématurés. Ceux-ci étaient placés régulièrement sur le ventre, sous la surveillance d’un soignant ou d’un parent. Leur tête était périodiquement tournée à droite puis à gauche pour favoriser leur développement. Il fut rapidement observé que ces bébés développaient ainsi une forte motricité qui leur permettaient, dès leur 1 à 2 mois, de se redresser grâce à leurs bras et de relever leurs cou.

Ce fut une découverte pour le corps médical qui estima que cet exemple devrait-être donné à tous les bébés du monde afin de favoriser la motricité libre de l’enfant et de l’aider à retrouver sa position de petit d’homme ..à la verticale. La consigne fut alors donnée à tous les parents …

De la consigne au drame

En très peu de temps un phénomène très inquiétant se répandit : la MSN (mort subite du nourrisson), dans des proportions inégalées depuis des décennies. Pourquoi ? Car l’énoncé de la consigne n’était pas complète : coucher vos bébés sur le ventre oui ..mais sur un support adapté : sans obstacle comme les tours de lit ou oreillers, avec une surveillance accrue des parents notamment à partir du 2ème mois (en moyenne), quand le bébé peut tourner sa tête lui-même sans risquer de se retrouver bloqué.

Une nouvelle consigne est alors donnée : coucher vos bébés sur le dos ! S’en suit tout une campagne de peur et de culpabilisation des parents (encore..) pour qu’ils respectent cette consigne.

Est-ce le  » bon-sens  » ?

La MSN chuta enfin et le corps médical s’en félicita. Les bébés étaient de nouveaux libres de respirer et, n’étant en mesure de se retourner en moyenne que vers 5/6 mois, les risques de MSN limités. Cependant, un nouveau problème apparu : la tête des bébés s’aplatît !

Crâne déformée, d’une mode à un syndrome qui interpelle

Et oui, déformer la tête des bébés était et serait encore dans certaines cultures un signe distinctif. L’exemple le plus connu est celui des Amérindiens, les Chinooks, qui déformaient la tête des nourrissons en vue de créer une sorte de plagiocéphalie frontale entre les 3 à 12 mois du bébé. Les adultes ayant un cerveaux ainsi formés pouvaient, adultes, esclavagiser les têtes rondes.

Cette pratique était rendue possible par la nature même du crâne de bébé. En effet, un crâne de bébé reste complètement malléable durant sa première année. C’est d’ailleurs une zone fragile que les parents protègent avec soin. Celui-ci est parsemé de sutures et de fontanelles qui permettent au cerveau de pousser. En effet, comme le rappelle le Dr Mark « En 6 mois, le volume de l’encéphale aura doublé et le périmètre crânien aura augmenté de 20%!« 

Pas d’inquiétude, cela passera avec le temps..pas si sûr !

Si ce même corps médical, soutenu par des revues spécialisées et officielles change de discours, il n’en n’assume pas pour autant les effets collatéraux. Les bébés maintenant couchés sur le dos, les PPOP (Plagiocéphalie Postérieur Positionnelle) inquiètent tout de même ces mêmes médecins qui mènent maintenant des campagnes de prévention : bébé sur le dos oui ..mais pas trop !

Source : http://www.cranialtech.com/

Les PPOP (connus sous le nom de Plagiocéphalie et Brachycéphalie) peuvent être traitées si elles sont rapidement détectées, mais, leurs effets secondaires sur le développement du cerveau sont encore peu connus. Dormir sur le dos contraint à créer un appui non naturel sur l’occiput (Os à l’arrière du crâne) pour le bébé. Celui-ci devient alors plat mais le cerveau lui, continue à se développer comme il le peut avec la place qu’il trouvera. Ces mêmes bébés souffrent souvent, en avant phase, de torticolis. A titre d’exemple, en portage bébé, nous invitions les parents à tourner régulièrement la tête de bébé quand celui-ci a tendance à se positionner « en virgule ». La nature étant bien faite, ce même changement de côté est imposé au bébé lors de l’allaitement afin de s’adapter à la maman..mais aussi d’habituer son corps à la latéralité.

Le retour du Portage !

C’est alors le retour, entre autres, du portage bébé (avec du matériel de portage). Une pratique ancestrale oubliée, voir même dénigrée au bénéfices du progrès et de la poussette (voir notre prochain article sur l’histoire du portage). Les médias et les discours des pédiatres, ostéopathes, kinés, et sages-femmes changent et ils sensibilisent les parents aux PPOP en les incitants à porter bébé et à le positionner sur le ventre ou le côté lors des phases d’éveil (toujours sous la surveillance d’un parent/adulte) et dans un temps limité.

Dormir sur le dos…une position « anti-naturelle »

Crying Cute Baby Little Crying Baby Infant Cry

Malgré la directive médicale officielle, nous semblons oublier que la position naturelle du nourrisson n’est pas du tout d’être placé sur le dos. Si tel était le cas, pourquoi nous apprendrions-nous à porter notre bébé contre nous en position fœtal ??? (avec ou sans matériel de portage), pourquoi serait-ce la première position adopté par le bébé contre nous ? Le bébé a grandit courbé dans l’utérus de sa mère et il a besoin de garder cette position durant les premiers mois de sa vie. En témoigne le Réflexe de Morro, manifestation d’un moment de panique chez le nourrisson qui se sent « tomber »…Quel sentiment dérangeant n’est-ce pas ?

La colonne vertébrale de bébé est construite ainsi (convexité tournée vers l’arrière) et son développement s’effectue lentement de la position assise à verticale.  Nous poussons donc une position anti-naturelle et sommes bien les seuls à le faire ! En effet, dans de nombreux pays, le corps de bébé est respecté (car oui, il s’agit bien d’une forme de violence de vouloir placer le bébé autrement), et celui-ci est allongé sur le côté.

Enfin, dormir sur le dos n’est pas une position optimale pour les bébés souffrant de RGO (Reflux Gastro-œsophagien) ou encore d’une maladie passagère au niveau ORL le limitant dans sa respiration (Laryngite, Pharyngite …). L’air ne passerait-elle pas mieux sur le côté avec, à minima, une narine dégagée dans ce dernier cas et une pression minime sur ces petits poumons ?

Sur le côté, quel danger ?

Jusque’ à environ 2 mois, la majorité des bébés ne peuvent pas se retourner. Leur bras est le principal obstacle. Un bébé dormant alors sur le côté ne pourra pas se retrouver sur le ventre. Par la suite, le bébé peut être calé avec des coussins. Les coussins de latéralisation sont d’ailleurs l’un des traitements proposés aux nourrissons souffrants de PPOP. Cette position (avec ou sans coussins) est d’ailleurs utilisée dans les premiers secours (Position Latérale de Sécurité ou PLS)

Alors pourquoi continuer ?

Selon les Dr Mark, le corps médical ne semble pas prêt à reconnaître ses erreurs. Une explication claire faite aux parents valorisant le rapport bénéfice/risque pourrait être entendue mais celle-ci même reviendrai à admettre un « moindre mal ». Encore une fois, les parents sont induits en erreur, mal renseignés et même culpabilisés dans leur choix ! Certes, comme cela a été précédemment évoqué, coucher un enfant sur le côté impose d’autres consignes de sécurité… Mais pourquoi partir du principe que les parents ne sont pas capables de les appliquer ??

Le marché de la puériculture s’est également emparée du phénomène. Nous avons donc une bonne nouvelle à partager avec vous : Selon le docteur Mark, aucun des matériels proposés n’est nécessaires ni même recommandés (au contraire, ceux-ci aggraveraient les risques de PPOP). Nous parlons ici des matelas à mémoire de forme, « cocoonnant », les cales têtes et autres réducteurs..

En revanche, d’autres matériels médicaux et préventifs ont du mal à être commercialisés. C’est le cas :

  • pour le casque permettant de corriger le crâne de bébé (en cas de PPOP avancé). La France est l’un des rare pays à ne pas le prendre en charge dans le parcours de soin. L’une des raisons évoquées dans le livre est le fait que cette technologie viennent des Etats-Unis, pays vus comme trop « consumériste » dans le domaine de la santé.
  • pour les matelas « respirants » dont certains sont fabriqués en France comme le Baby air’mat ou encore le Lifenest. Ils permettent de faire circuler l’air et d’y placer le bébé sur le côté en toute sécurité.

L’information, la clé pour tous les parents mais aussi les professionnels.

Encore une fois l’objet de cette article n’est pas de culpabiliser ou de porter le moindre jugement mais de relater la position de deux médecins sur un phénomène actuel. Aujourd’hui des solutions préventives et curatives existent. N’hésitez pas à en parler à votre médecin et/ou à demander un second avis si vous avez le moindre doute. Faites-vous confiance, vous êtes l’expert de votre bébé ! Partagez cet article avec votre entourage, un parent averti est un parent confiant.

Sites ressources et informations complémentaires :

Mon bébé n’aura pas la tête plate, Prévenir de la plagiocéphalie,  Dr Brenadette de Gasquet et Dr Thierry Mark

Le Dr Berndette de Gasquet est notamment connue pour son approche favorisant l’accouchement en position physiologique pour la femme… et le bébé. Elle propose également une rééducation du périnée et de la ceinture abdominale en douceur, basée sur le yoga et une respiration « naturelle ».

http://association-plagiocephalie-info-et-soutien.fr (Cette association n’est malheureusement plus active mais vous y retrouverez des articles ressources).

Article de la société canadienne de pédiatrie : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3202395/