L’agressivité chez les jeunes enfants est souvent perçue comme un comportement perturbateur, mais il est essentiel de comprendre que ce n’est pas une violence délibérée ou un signe de « mauvaise éducation ». En réalité, ces gestes font souvent partie du processus normal de développement de l’enfant. Ils reflètent surtout, pour lui, une difficulté à comprendre ses émotions et un manque de moyens pour exprimer ses besoins autrement.
L’agressivité et La violence ?
Avant de comprendre pourquoi un enfant tape, mord ou griffe, il est important de distinguer deux concepts clés :
– L’agressivité est un comportement impulsif, généralement en réponse à une frustration ou à une menace perçue. Elle peut être physique ou verbale et est souvent liée à des émotions fortes que l’enfant n’a pas encore appris à gérer.
– La violence, quant à elle, est l’utilisation délibérée et excessive de la force pour blesser ou contraindre.
Chez un jeune enfant, on parlera davantage d’agressivité que de violence, car il n’a pas encore la capacité de planifier ou de contrôler ses actes de manière consciente.
Les trois compétences innées : Imitation, empathie et attachement.
Avant de conclure que l’enfant est « violent » ou « agressif », il est important de se rappeler que ce comportement peut être le résultat d’une immaturité émotionnelle et d’un manque de stratégies pour accompagner ses émotions. Le jeune enfant a trois compétences innées qui jouent un rôle clé dans la manière dont il interagit avec son environnement et les autres :
L’imitation : Les enfants apprennent énormément par imitation. Dès leur plus jeune âge, ils observent les adultes et leurs camarades puis reproduisent leurs comportements. Si un enfant est exposé à des modèles de comportements violents ou agressifs (dans son environnement familial, à l’école ou dans les médias), il pourrait imiter ces comportements, ne comprenant pas toujours les conséquences de ses actions.
Cette compétence est formidable car il peut aussi imiter les comportements bienveillants et comprendre petit à petit comment réagir.
L’empathie : L’empathie est la capacité à comprendre et à ressentir les émotions des autres, tout en restant conscient que ces émotions leur appartiennent. Cette compétence se développe progressivement. Un jeune enfant peut ne pas comprendre immédiatement l’impact de ses actions sur les autres. Par exemple, il ne réalise pas toujours que mordre ou taper fait mal. L’acquisition de l’empathie prend du temps et nécessite un environnement qui favorise cette compétence. Cependant il est empathique par nature.
L’attachement : L’attachement est la relation affective fondamentale que l’enfant développe avec ses parents ou ses principaux soignants. Cette relation est cruciale pour la régulation émotionnelle de l’enfant. Un enfant qui se sent en sécurité et soutenu est plus susceptible d’adopter des comportements calmes et adaptés. Un manque d’attachement sécurisé, ou une relation instable, peut alimenter des comportements agressifs chez l’enfant, qui utilise ces gestes pour attirer l’attention ou exprimer un besoin émotionnel non comblé.
Pourquoi ces comportements chez l’enfant ?
L’enfant est-il naturellement violent ou agressif ? Non. Cependant, plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi un jeune enfant a recours à des comportements comme taper, mordre ou griffer. Ces comportements sont souvent des réponses à des besoins insatisfaits, des émotions mal gérées, ou des situations qu’il ne comprend pas pleinement.
Voici quelques explications possibles :
Des besoins insatisfaits : Lorsqu’un enfant est fatigué, affamé, ou a besoin d’attention, il peut manifester son malaise de manière impulsive. Les besoins fondamentaux non satisfaits peuvent générer de l’irritation, de la frustration et, par conséquent, de l’agressivité.
La surstimulation : Un environnement trop bruyant, trop animé ou trop stimulant peut submerger un enfant et provoquer une réaction agressive. Il n’arrive pas encore à gérer ses émotions dans ces contextes.
Un climat de tension : Les enfants sont des éponges émotionnelles et peuvent réagir à un environnement où il y a du stress ou de la colère. Un contexte familial ou scolaire tendu peut alimenter ces comportements.
Des raisons médicales : Parfois, des troubles sensoriels ou des problèmes médicaux sous-jacents peuvent rendre un enfant plus irritable ou plus réactif physiquement.
L’immaturité émotionnelle : Les jeunes enfants n’ont pas encore la maturité émotionnelle nécessaire pour gérer des émotions comme la frustration ou la colère. Cela peut se manifester par des gestes impulsifs comme mordre ou frapper.
Attirer l’attention : Un enfant peut adopter des comportements agressifs pour attirer l’attention de ses parents, des professionnels ou de ses camarades. Même une attention négative (comme une réprimande) peut satisfaire ce besoin d’être vu.
Un manque de compétences verbales : Les jeunes enfants n’ont pas toujours les mots pour exprimer ce qu’ils ressentent. Mordre, frapper ou griffer devient alors une forme d’expression qui remplace les mots qu’ils ne maîtrisent pas encore.
Le rôle des adultes : Comprendre et accompagner
Les comportements agressifs font souvent partie des étapes normales du développement de l’enfant, liées à son immaturité émotionnelle et cognitive. Le rôle des adultes (parents, professionnels encadrants, psychologues) est essentiel pour accompagner l’enfant dans cette période délicate. Voici quelques pistes concrètes pour gérer ces comportements :
1. Accueillir la situation avec bienveillance
Au lieu de réagir immédiatement avec frustration ou colère, il est important d’accueillir le comportement de l’enfant sans jugement. Cela permet à l’enfant de se sentir compris et de réduire son angoisse. L’objectif est de calmer la situation avant de chercher à résoudre le problème.
2. Observer les besoins de l’enfant
La première étape consiste à observer attentivement l’enfant. Ce que semble exprimer un comportement agressif est souvent un besoin insatisfait, un manque ou une frustration. Utiliser une méthode comme le soleil des besoins peut être utile pour identifier rapidement ce qui ne va pas : l’enfant est-il fatigué, a-t-il faim, est-il contrarié ? Des rituels et des routines peuvent également l’aider à se sentir plus en sécurité et à mieux gérer ses émotions.
3. Proposer des rituels et des routines
Les enfants se sentent souvent plus apaisés lorsque leur environnement est prévisible. Les rituels (comme un moment calme avant le coucher) et les routines quotidiennes (comme des repas à horaires réguliers) aident l’enfant à se structurer et à anticiper ce qui va se passer. Cela peut réduire l’anxiété et donc les comportements agressifs.
4. Favoriser l’expression verbale des émotions
Encourager l’enfant à parler de ce qu’il ressent est primordial. L’apprentissage des émotions passe par la reconnaissance de celles-ci et l’utilisation de mots pour les exprimer. Des jeux, des livres et des activités qui stimulent le vocabulaire émotionnel peuvent être très utiles.
5. Fixer des limites claires et constantes
Il est important de poser des limites avec douceur mais fermeté. L’enfant doit comprendre que taper, mordre ou griffer n’est pas acceptable, tout en lui offrant des alternatives pour exprimer ses émotions (comme parler ou demander de l’aide). La constance dans la réponse permet à l’enfant de comprendre les règles du jeu.
6. Rappeler l’importance de l’empathie
En tant qu’adultes, il est essentiel de montrer l’exemple en matière d’accompagnement émotionnel. Cela inclut aussi l’empathie : lorsque l’enfant fait quelque chose qui blesse ou dérange un autre, il doit être guidé pour comprendre l’impact de ses actions sur les autres. Cela l’aide à développer ses capacités d’empathie.
Les comportements agressifs chez le jeune enfant sont souvent un moyen maladroit d’accompagner des émotions complexes. Au lieu de voir l’enfant comme « violent », il est plus utile de chercher les causes sous-jacentes de ses actions. En observant attentivement, en posant des limites fermes mais bienveillantes, et en favorisant l’expression émotionnelle, les adultes peuvent accompagner les enfants dans cette phase de développement confuse et nuancée.
En fin de compte, saisir que ces comportements s’inscrivent dans le cheminement de l’enfant, pour qu’il apprenne à comprendre ses émotions, permet de les aborder avec calme et bienveillance. L’objectif est de l’aider à évoluer dans un environnement sûr et soutenant, où il peut apprendre à exprimer ses besoins de manière plus positive.
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