Une journée pour réviser, 364 jours pour appliquer : les droits de l’enfant en question !

Chaque 20 novembre, la Journée internationale des droits de l’enfant est célébrée pour rappeler l’importance de garantir à chaque enfant une vie digne, sûre et épanouie. Pourtant, une question demeure : pourquoi cette journée semble-t-elle insuffisante pour faire respecter ces droits tout au long de l’année ? Alors que les droits des enfants sont inscrits dans la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU en 1989, leur mise en application réelle reste lacunaire, et de nombreux indicateurs montrent que la situation est préoccupante, notamment en France.  

 Les chiffres alarmants des violences faites aux enfants en France  

Chaque année, en France, des milliers d’enfants sont victimes de violences physiques, psychologiques ou sexuelles. Selon les données disponibles (Chiffres des cas connus en 2020 – ONPE juillet 2022) :  

  • 1 enfant meurt tous les 4 jours d’infanticide, 1 tous les 7 jours de violences au sein de sa famille.
  • 39 433 victimes de violences sexuelles (+ 45% depuis 2016)
  • Moyenne d’âge des victimes : 9 ans
  • 12 286 viols sur mineurs (soit 33 par jour) 80% dans la sphère familiale pour les filles
  • 17 342 victimes de harcèlement et d’agression sexuelle
  • 85% des enfants subissent des violences éducatives ordinaires
  • 60% des enfants maltraités n’en parlent à personne

Ces chiffres glaçants rappellent que les droits des enfants, pourtant proclamés, ne sont pas toujours respectés.  

Un système sous tension : manque de moyens et épuisement des professionnel(le)s  

Si cette journée sensibilise et rappelle l’importance des droits de l’enfant, la réalité montre un manque criant de moyens humains et matériels pour les appliquer. Les professionnel(le)s de la petite enfance, de l’éducation ou du médico-social se battent au quotidien pour offrir un accompagnement bienveillant, mais ils se heurtent à des conditions de travail éprouvantes.  

  • Un burn-out massif dans les métiers de l’enfance : Selon une étude récente, près de 40 % des professionnel(le)s de la petite enfance déclarent avoir envisagé de quitter leur métier en raison de l’épuisement.  
  • Un manque de formation adéquate : Les neurosciences et les pédagogies bienveillantes sont souvent absentes des cursus de base. Les professionnel(le)s qui souhaitent se former doivent parfois financer eux-mêmes leur apprentissage ou se heurter à des refus de financement, notamment dans le secteur public.  

Ce constat est d’autant plus criant que les droits de l’enfant ne peuvent être respectés sans des adultes formés, bienveillants et disponibles pour les accompagner. Accompagner un enfant dans la bienveillance ne se limite pas à des intentions : cela nécessite des compétences spécifiques, y compris pour répondre aux besoins particuliers.  

 Le poids des stéréotypes et le manque de mixité

Un autre frein au respect des droits des enfants réside dans le manque de mixité au sein des équipes éducatives. Les métiers de la petite enfance restent très féminisés, en partie à cause de stéréotypes persistants et d’un manque de valorisation de ces professions. Les hommes qui souhaitent travailler auprès des enfants sont encore souvent jugés ou mal perçus, ce qui décourage leur engagement. Pourtant, offrir aux enfants des figures d’attachement variées, hommes et femmes, est essentiel pour leur développement.  

Malgré ces difficultés, de nombreux professionnel(le)s s’engagent avec passion et dévouement. Beaucoup se forment sur leur temps libre et avec leurs propres moyens, animés par une réelle volonté de bien faire. Cependant, cet engagement individuel ne peut pallier les manquements structurels : absence de moyens, surcharge de travail, et méconnaissance des besoins réels des enfants dans les politiques publiques.  

 Les efforts des professionnel(le)s : un engagement admirable mais insuffisant  

 Quelle vision pour l’avenir ?  

Face à ces constats, on peut se demander si la Journée des droits de l’enfant n’est pas devenue un simple outil symbolique, détaché des réalités du terrain. Quel avenir souhaitons-nous réellement pour nos enfants ? Voulons-nous les élever dans un système bienveillant et respectueux de leur liberté, ou dans une structure rigide où leurs besoins et leur expression sont restreints ?  

Il est urgent d’agir sur plusieurs fronts :  

– Renforcer les moyens pour les professionnel(le)s : davantage de personnel, une rémunération à la hauteur, et des conditions de travail humaines.  

– Rendre la formation accessible à tous : intégrer les neurosciences, les pédagogies inclusives et bienveillantes dans les cursus de base et les formations continues. 

– Valoriser les métiers de l’enfance : en attirer davantage d’hommes et de femmes passionnés et convaincus.  

Enfin, il est indispensable de généraliser des outils comme l’analyse de pratiques, aujourd’hui obligatoire en petite enfance mais peu présentes dans les écoles, collèges et lycées. Ces espaces permettent aux professionnel(le)s de réfléchir sur leurs pratiques et d’assurer un accompagnement plus respectueux des enfants.  

Si cette journée doit être un rappel, elle ne peut être qu’un début.

Respecter les droits de l’enfant, c’est investir dans leur avenir et, par extension, dans celui de la société toute entière. Cela passe par des choix politiques et budgétaires clairs : des moyens concrets, une valorisation des métiers et une réelle réflexion sur l’éducation que nous voulons offrir.  

Cette journée n’aura de sens que si elle s’accompagne de 364 jours d’actions, pour que chaque enfant grandisse dans un environnement bienveillant, où ses droits ne sont pas simplement proclamés, mais réellement appliqués. 

#DroitsDeLEnfant #EnfanceEnDanger #ProtectionDeLEnfance #ÉducationBienveillante

Article rédigée par Nelly Forestier

Recevez notre newsletter