La création du titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance suscite de vives réactions dans le secteur de la petite enfance. Depuis sa parution officielle, les échanges se multiplient sur les réseaux sociaux, révélant des positions parfois très tranchées. Ce nouveau titre cristallise des tensions anciennes : reconnaissance des métiers, qualité d’accueil, pénurie de professionnel·les, conditions de travail.
Comprendre pourquoi le titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance divise permet de dépasser les postures émotionnelles pour analyser les enjeux réels qu’il soulève.
Des oppositions fermes et un appel au boycott
Parmi les réactions les plus visibles, certaines organisations syndicales ont exprimé une opposition frontale à la création du titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance. Ces prises de position dénoncent un dispositif perçu comme insuffisamment concerté et porteur de risques pour la qualité de l’accueil du jeune enfant.
Certaines vont jusqu’à appeler au boycott du titre, notamment en refusant de participer aux jurys ou d’accueillir des personnes engagées dans ce parcours. Ces réactions traduisent une inquiétude profonde : celle d’une déqualification progressive des métiers de la petite enfance, dans un contexte déjà fragilisé.
Les critiques principales expliquées
Un titre jugé « au rabais »
Une première critique consiste à qualifier le titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance de diplôme « au rabais ». Selon cette lecture, il s’agirait avant tout d’une réponse rapide à la pénurie de personnel, pensée pour faciliter le recrutement plutôt que pour garantir un haut niveau de qualité éducative.
Cette crainte s’inscrit dans une histoire plus large de tensions entre exigences économiques et exigences éducatives dans le secteur de la petite enfance.
Une concertation jugée insuffisante
D’autres critiques portent sur le sentiment d’une concertation insuffisante avec les professionnel·les de terrain. Cette impression alimente une méfiance vis-à-vis du titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance, perçu par certain·es comme un dispositif pensé sans réelle prise en compte de la réalité quotidienne des équipes.
Le risque de dilution des métiers existants
Une inquiétude majeure concerne la place du titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance par rapport aux diplômes existants. Certain·es redoutent qu’il ne vienne concurrencer, voire à terme remplacer, des diplômes reconnus comme le CAP AEPE, le diplôme d’État d’Auxiliaire de Puériculture ou celui d’Éducateur·rice de Jeunes Enfants.
Cette crainte est particulièrement forte dans un secteur où les identités professionnelles sont construites de longue date et où la reconnaissance des compétences reste un enjeu central.
Une critique plus globale du système
Au-delà du titre lui-même, de nombreuses réactions expriment un malaise plus profond : manque chronique de professionnel·les, charges mentales élevées, conditions de travail difficiles, rémunérations insuffisantes. Dans ce contexte, la création d’un nouveau diplôme est perçue par certain·es comme une réponse décalée face à des problèmes structurels non résolus.
Des avis plus nuancés issus du terrain
À l’inverse, toutes les réactions ne sont pas négatives. Certaines professionnelles, y compris des Auxiliaires de Puériculture ou des accompagnant·es VAE, reconnaissent avoir revu leur position après une lecture plus attentive des textes.
Le volume horaire prévu pour la formation initiale du titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance apparaît comme un élément rassurant. Pour ces professionnelles, l’enjeu est que ce titre s’inscrive dans une logique de complémentarité, et non de remplacement des métiers existants.
Les enjeux réels derrière la controverse : Répondre à une pénurie historique
Le secteur de la petite enfance traverse une crise de recrutement majeure. Le titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance s’inscrit dans une volonté institutionnelle de proposer une nouvelle voie d’accès au métier, notamment pour des personnes déjà engagées sur le terrain ou disposant d’une expérience significative, en particulier via la VAE.
Cette dimension explique à la fois l’urgence de sa création et les tensions qu’elle suscite.
Une réforme qui divise mais ouvre un débat nécessaire
La controverse autour du titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance met en lumière des questions fondamentales :
- Quel niveau de qualification est nécessaire pour garantir un accueil de qualité ?
- Comment valoriser les parcours professionnels sans dévaloriser les diplômes existants ?
- Comment offrir des perspectives d’évolution sans imposer des fonctions de coordination ou de direction ?
Ces interrogations dépassent largement le cadre de ce seul titre et interrogent l’ensemble de l’organisation du secteur.
La position des P’tits Sages : pragmatique et engagée
Un titre à penser en complémentarité
Chez Les P’tits Sages, nous considérons que le titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance doit être pensé comme un maillon intermédiaire entre le CAP AEPE et le diplôme d’Éducateur·rice de Jeunes Enfants.
Oui, ce titre se situe entre le CAP et l’EJE.
Et c’est précisément ce qui fait son intérêt.
Il offre un choix :
- poursuivre vers Auxiliaire de Puériculture,
- s’orienter vers le titre IEPE,
- ou viser l’EJE pour celles et ceux qui souhaitent des fonctions de coordination ou de direction.
Le rôle possible de l’IEPE dans les équipes
Nous faisons le choix de voir l’IEPE comme le bras droit de l’EJE :
un·e professionnel·le fortement présent·e auprès des enfants et des familles, soutenant la mise en œuvre du projet éducatif, sans nécessairement porter des responsabilités de management ou de direction.
Cette lecture permet de sortir d’une logique de concurrence entre diplômes pour aller vers une complémentarité des rôles au sein des équipes.
Une opportunité de reconnaissance de l’expérience
La possibilité d’accéder au titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance par la VAE constitue également une opportunité de reconnaissance pour des professionnel·les expérimenté·es, engagé·es depuis de nombreuses années, mais insuffisamment reconnu·es dans leur parcours.
Une réponse partielle à une crise multifactorielle
Ce titre ne résoudra ni la pénurie, ni les conditions de travail, ni la question des rémunérations. Mais il peut constituer un levier parmi d’autres, à condition d’être déployé avec exigence, transparence et responsabilité.
En conclusion
Le débat autour du titre professionnel d’intervenant éducatif petite enfance révèle un secteur sous tension, traversé par des enjeux humains, éducatifs et sociaux majeurs. Plutôt que de céder à des positions radicales, il nous semble essentiel de maintenir un regard critique, informé et constructif.
Chez Les P’tits Sages, nous faisons le choix d’un accompagnement rigoureux, respectueux des métiers existants et centré sur la qualité de l’accueil. Convaincu·es que la richesse des équipes repose aussi sur la diversité et la complémentarité des parcours.





