Une école maternelle qui s’inspire des pédagogies actives  ça existe ???

Oui et c’est à Lyon Montchat-Maisons Neuves que nous avons eu le plaisir de rencontrer la Directrice de l’école Grandir et Rire : Céline Roose-Le Pallec. Elle nous raconte l’origine de son projet, les bases de la pédagogie, l’engouement des parents et partage avec nous une petite anecdote en fin de lecture…

 Céline, nos lecteurs sont curieux d’en savoir un plus sur vous, votre parcours et vos aspirations…

Céline Roose – Le Pallec : Je suis diplômée « institutrice spécialisée » de la Haute Ecole de Bruxelles en Belgique et spécialisée en orthopédagogue (pédagogue spécialisé  qui intervient auprès des apprenants ayant des difficultés d’apprentissage scolaire).

Je suis arrivée en France depuis plus de 10 ans et travaille actuellement auprès d’enfants avec autisme en IME (Institut médicaux Educatif).

J’ai rencontré Stéphanie via la crèche de mon fils et au fur et à mesure de nos échanges, nous nous sommes rendu compte de la similarité de nos parcours professionnels et le projet de créer une école alternative est né. De part notre formation, nous sommes très sensibles aux approches des pédagogies actives ; notre formation de 4 ans nous a permis d’être formées à la psychologie de l’enfant, à son développement, aux différentes approches des pédagogies actives mais aussi en arts visuels, psychomotricité et musique. De plus, notre spécialité nous permet d’adapter les apprentissages à chaque enfant. Ensemble nous avons élaboré le projet pédagogique et l’aventure a commencé…

 

 Votre école maternelle ouvre en Septembre 2017, pourquoi avoir choisi comme ADN les pédagogies actives ?

C.R : Nous sommes formées aux  méthodes issues du mouvement des pédagogies actives basées sur le respect du rythme de l’enfant et la bienveillance éducative. Au fur et à mesure de nos échanges sur notre pratique professionnelle, notre choix s’est arrêté sur deux grands pédagogues dont nous pensons les pédagogies complémentaires : Célestin Freinet pour sa pédagogie du projet et Maria Montessori pour sa pédagogie active.

Ces deux approches permettent de proposer un cadre adapté aux besoins de l’enfant grâce à l’environnement préparé, de respecter  les périodes sensibles du développement, de favoriser la confiance en soi et envers l’autre, de mettre en place des responsabilités personnelles et elles permettent  aussi de travailler la gestion coopérative de la classe. Ces pratiques seront enrichies par la pratique de la Communication Non Violente  et l’approche de l’écocitoyenneté.

 

 De façon concrète, qu’est-ce qui vous différencie d’une école maternelle traditionnelle ?

C.R : Nous proposons un accueil en système de classe unique. Les enfants évolueront ensemble de deux ans et demi à six ans. Cela permet de mettre en place la coopération et le respect des autres et de soi.  Notre effectif sera de 15 enfants maximum à la rentrée 2017 et n’excédera pas 20 enfants à la fin de l’année. De plus, nous proposons des entrées tout au long de l’année afin que les enfants puissent réaliser leur rentrée dès  2 ans et demi.

La pédagogie mise en place permet à l’enfant d’évoluer à son rythme et d’apprendre à s’écouter. Il n’est pas obligé de finir son travail rapidement pour passer à l’activité suivante, il prend le temps de finir et de ranger le matériel… Lors des activités, plusieurs espaces de travail sont à leur disposition, les enfants choisissent ce qu’ils souhaitent travailler, toujours sous le regard bienveillant de l’adulte. Dans cette pédagogie, une grande place est laissée à l’observation de l’enfant par l’enseignant afin de guider l’enfant à travers les apprentissages.

 

 Comment les parents et le public accueillent-ils votre projet ? 

C.R : Avant de nous projeter dans le projet, nous avons réalisé une enquête de quartier par le biais de questionnaires internet et papier. Le retour fut très encourageant et beaucoup de familles semblaient intéressées par l’idée d’une telle école dans leur quartier.

Nous avons réalisé des affichages dans les magasins, MJC… et les commerçants trouvent en général le projet intéressant pour le quartier et visiblement répond à une demande de certaines familles.

Lors de nos soirées d’informations, les parents se montraient très motivés par le projet et certains nous ont proposés de l’aide dans divers domaines. Le côté associatif de l’école semble important pour les familles.

 

 Si des parents sont intéressés par votre école, comment peuvent-ils vous contacter ? Quelles sont les modalités générales pour une inscription ?

C.R : Les parents ont la possibilité de nous contacter par email grandiretrire@gmail.com ou via notre site internet www.ecole-grandiretrire.com ou encore par téléphone au 06.50.57.32.99

Pour une inscription, il suffit de nous envoyer la Fiche de préinscription à l’adresse de l’école afin d’être inscrit sur notre liste des inscriptions. Ensuite nous contactons les parents afin de convenir d’un rendez vous individuel (parents et enfant). Ce temps d’échange permet aux parents de visiter l’école s’ils ne sont pas venus lors des journées portes ouvertes, de remplir le dossier d’inscription, de parler plus précisément de leurs souhaits et d’échanger au sujet de leur enfant.

 

 Avez-vous, comme Les P’tits Sages, le sentiment que les choses bougent et que la bienveillance dans l’éducation et la parentalité devient de plus en plus importante et suivie en France ? 

C.R : Oui en effet, on sent un engouement concernant les pédagogies actives et la bienveillance au sein de la famille. De plus en plus de parents souhaitent une cohérence éducative pour leur enfant et cela passe par le choix d’une école qui leur correspond. De plus en plus de lieux « alternatifs » ouvrent leurs portes pour répondre à la demande que ce soit des crèches, des lieux d’activités et autres… Les parents semblent avoir de plus en plus une certaine connaissance des pédagogies actives ; la plus connue étant celle de Maria Montessori.

 

 Nous aimons bien terminer sur une petite anecdote autour des enfants et de la parentalité, souhaitez-vous en partager une avec nous ?

C.R : Travaillant dans le milieu du handicap depuis plusieurs années, je vais échanger au sujet d’une belle expérience qui m’est arrivée lorsque je travaillais en SESSAD à Paris. Un jeune enfant non verbal venait en séance dans le service et un de ses objectifs de travail était le langage ; cet objectif étant bien sur décidé avec les parents afin qu’il le travaille aussi au domicile. La maman, tout à fait légitimement, souhaitait par-dessus tout entendre la voix de son fils. Après plus d’un an de travail en coopération avec les autres professionnels de la structure, l’école et les parents, l’enfant nous a surpris un jour lors d’un repas à demander verbalement du pain. Je n’oublierai jamais le visage de la maman lorsqu’elle nous a expliqué le lendemain que son enfant avait fait aussi la demande à la maison et qu’enfin il avait dit un mot. Par la suite le vocabulaire s’est un peu développé mais cette maman était tellement ravie d’entendre la voix de son fils que cela nous a tous encouragé dans notre travail. C’est un des moments les plus motivants de mon début de carrière !

 Merci Céline et bonne continuation avec ce beau projet !

 

Propos recueillis par Julien.